Les caféiculteurs de la colline Gihororo apprécient en général l’effort du gouvernement de revoir à la hausse le prix d’un kg du café passant d’environ 1 400 à 2 800 FBu. Toutefois, ils déplorent le retard enregistré pour percevoir leur argent, en évoquant les contraintes liées aux paiements des agriculteurs via les banques ou microfinances après avoir envoyé à l’Office pour le développement du café (Odeca) les fiches des achats du café enregistrés à l’aide des tablettes. L’assistant du ministre en charge de l’agriculture les a rassurés que la paie aura lieu dans quelques jours.

Depuis l’enregistrement des achats du café jusqu’au paiement des caféiculteurs, tout doit se faire actuellement électroniquement. Il s’agit de l’innovation dans la filière café, mais des défis ne manquent pas. Les caféiculteurs de Gihororo saluent l’initiative du gouvernement visant à améliorer le système de collecte du café par des moyens électroniques, ils soulignent aussi le souci lié au retard du paiement.
Le chef d’usine à la station de dépulpage-lavage de Kavumu sur la colline Gihororo, Gaëtan Sibomana, qui travaille dans le secteur caféicole depuis 1982, a évoqué les défis liés à l’utilisation des tablettes, notamment la lenteur importante dans l’enregistrement des achats, comme l’une des raisons qui aurait retardé le paiement des caféiculteurs.
«Exiger les comptes à ceux ayant plus de 500 000 FBu»
Concernant le paiement des caféiculteurs via les banques ou microfinances, l’initiative en soi est appréciable mais présente aussi des défis pour certaines catégories de personnes, selon M. Sibomana. Il a dit par exemple qu’il n’est pas du tout facile pour les personnes âgées d’arriver au chef-lieu de la commune Kayanza pour l’ouverture des comptes. Et confier la responsabilité d’ouvrir des comptes à d’autres personnes comme leurs enfants ou autres membres de familles est aussi inquiétant, car l’argent peut disparaître à tout moment, ce qui pourrait provoquer des problèmes familiaux. Il a ainsi proposé de catégoriser les gens en fonction de la quantité du café écoulée. D’abord utiliser les moyens habituels de paiement à travers les coopératives pour ceux ayant moins de 500 000 FBu et exiger les comptes pour le reste, a-t-il fait remarquer.
Godelieve Ndizeye et Berchmas Gatimatare, tous caféiculteurs de la colline Gihororo, ont également apprécié l’initiative de l’Etat d’avoir augmenté le prix d’un kg de café jusqu’à 2 800 FBu et la mesure de paiement sur les comptes. Néanmoins, ils ont aussi souligné les défis de cette mesure à certaines personnes. « Certaines personnes âgées ne comprennent même pas la notion de comptes ou ce qu’ils doivent faire pour en avoir. D’autres écoulent de petites quantités. Comment obliger quelqu’un qui vend 7 kg ou 10 kg de café d’ouvrir un compte pour avoir son argent ? Certains d’entre eux restent même sceptiques que leur argent peut être emporté par ce processus d’ouverture de comptes dans les banques », ont-ils demandé avec insistance, avant d’ajouter que l’utilisation des comptes pour le paiement devrait concerner au moins ceux qui écoulent une grande quantité pouvant percevoir plus de 500 000 FBu. Et accorder un feu vert au reste, selon ces caféiculteurs, de continuer à recevoir leur argent dans les coopératives, comme auparavant.
La paie des caféiculteurs projetée dans quelques jours
Lors du lancement de la campagne de taille et paillage des caféiers sur la colline Gihororo, l’assistant du ministre ayant l’agriculture dans ses attributions, Léonard Butoyi, a pourtant tranquillisé les caféiculteurs que le paiement aura lieu dans quelques jours. M. Butoyi a expliqué que le retard a été occasionné par le retard dans la transmission des fiches des caféiculteurs. Dans ses propos, il est également revenu sur les avantages de l’utilisation des comptes.
Claude Hakizimana