
Malgré les prix fixés par le gouvernement, des commerçants et des gérants de bars défient les régles (Photo Amédée Habimana)
La capitale politique du Burundi, Gitega, fait de temps en temps à une hausse des prix du sucre et des produits de la Brarudi. Malgré les prix fixés par le gouvernement, des commerçants et des gérants de bars défient les règles, imposant des tarifs bien au-delà des seuils officiels. Les citadins dénoncent une situation qui, selon eux, est amplifiée par la spéculation qui, en plus de faire grimper les prix, conduisent à des pénuries récurrentes.
Le prix officiel du kilogramme de sucre, fixé par le gouvernement, est de 6 000 FBu. Cependant, des commerçants peu scrupuleux imposent un tarif de 8000 Fbu, soit une augmentation de plus de 30 %. Ce dépassement tarifaire frappe durement les ménages de la commune Gitega. De nombreux résidents expriment leur frustration et leur désarroi face à cette hausse qui rend ce produit de première nécessité de plus en plus inaccessible.
La prénommée Marie-Claire, une mère de famille, témoigne : «Avec cette hausse, il devient difficile de subvenir aux besoins quotidiens. Le sucre est essentiel dans nos foyers, mais à ce prix, il est devenu un luxe. » Elle trouve que les autorités devraient sévir contre ces abus qui vont à l’encontre des mesures de protection des consommateurs.
Les produits de la Brarudi vendus au-dessus des prix réglementés
Les boissons de la Brarudi, bien que réglementées, subissent aussi cette tendance inflationniste dans certains débits de boissons. Bien que certains établissements de la ville respectent les tarifs officiels, d’autres contournent les règles en vendant ces produits à des prix majorés. Les habitants soupçonnent une pratique répandue consistant à rediriger les stocks vers des « bars VIP » et les zones rurales, où les prix sont plus élevés et échappent au contrôle rigoureux des autorités. Jean-Paul, un jeune habitant de la commune Gitega, indique : « Dans certains bars, on paie le prix normal, mais ailleurs, les prix grimpent, surtout dans les zones périphériques. » Selon lui, la crainte des amendes infligées par les autorités locales pousse les vendeurs à dissimuler ces pratiques ou à distribuer les produits de manière sélective.
Les commerçants qui osent vendre ces produits aux prix fixés prennent souvent soin d’éviter les pénalités imposées par les autorités communales. En effet, les amendes pour non-respect des prix sont sévères, et la crainte de représailles incite les débits de boissons à cacher cette pratique ou à transférer les marchandises vers des endroits où les contrôles sont moins fréquents. En conséquence, cette tension conduit à des pénuries artificielles qui pénalisent encore davantage la population. Face à cette situation, les résidents de la commune Gitega appellent les autorités à renforcer les contrôles et à appliquer les sanctions nécessaires contre les contrevenants. Certains exhortent également à la création d’une ligne de signalement permettant aux habitants de dénoncer les commerçants qui enfreignent les réglementations tarifaires.« Nous avons besoin de mesures concrètes pour réguler le marché, car cette spéculation ne profite qu’à une minorité », déclare un fonctionnaire sous couvert d’anonymat. Il estime que des sanctions exemplaires dissuaderaient les commerçants de spéculer et de contourner les lois.
La hausse illicite des prix du sucre et des produits de la Brarudi est une source de frustration pour la population, qui voit son pouvoir d’achat s’éroder face à la spéculation. Les autorités communales sont désormais interpellées à mettre fin à ces pratiques injustes qui nuisent au bien-être des citadins et pour assurer l’approvisionnement régulier de ces produits à des prix accessibles. En instaurant des contrôles rigoureux et en imposant des amendes dissuasives, elles pourraient restaurer l’équité sur le marché et alléger le quotidien des habitants de la capitale politique.
Amédée Habimana