Malgré certains défis auxquels font toujours face les Batwa du Burundi, il y a des avancées assez significatives dans l’amélioration des conditions de vie. Cela ressort des interventions de certains Batwa qui se sont confiés à la rédaction du Le Renouveau.
« La discrimination et la stigmatisation envers les Batwa ont sensiblement diminué ». Pascal Mashimango, représentant des Batwa de la commune Isare, dans la province de Bujumbura en même temps membre du conseil communal, salue les avancées déjà enregistrées. « Actuellement les Hutu et les Tutsi partagent ensemble le repas ou la bière avec les Batwa», se réjouit-t-il. La sénatrice Libérate Nicayenzi, elle aussi de cette communauté, se réjouit également que la discrimination n’est plus aussi forte qu’il y a quelques années. « Je suis satisfaite parce qu’il y a un changement positif. Dans le domaine politique, la Constitution du Burundi n’a pas oublié d’intégrer la communauté des Batwa avec l’octroi de trois places à l’Assemblée nationale et trois au Sénat, etc. ». M. Mashimango salue également le fait que le gouvernement burundais leur a octroyé des terres. Il salue les progrès déjà enregistrés même s’il affirme que les Batwa restent économiquement et socialement derrière les autres couches sociales.
Des avancées assez significatives dans le domaine éducatif
Pascal Mashimango salue l’accès des enfants autochtones à l’enseignement, la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans ainsi que pour les femmes enceintes. Notre interlocuteur s’accorde avec Mme Nicayenzi qui affirme que depuis la création de l’Uniproba (Unissons-nous pour la promotion des Batwa), la situation des Batwa a changé favorablement. «Il y a même des enfants d’autres ethnies qui ont souhaité être des Batwa pour bénéficier d’aides matérielles», indique-t-elle.
Quant à Désiré Hatungimana, de la communauté Batwa et étudiant à « Africa university of Zimbabwe », il reconnaît que des avancées assez significatives dans le domaine éducatif se font remarquer. Il encourage les autres enfants de la communauté Batwa à ne pas croiser les bras ; à comprendre que la scolarisation est la clé du développement. Il rejette par contre ce qu’il qualifie d’arguments traditionnellement mobilisés pour expliquer la non scolarisation de cette catégorie de Burundais. Parmi ces raisons figurent notamment la pauvreté, le manque du matériel et la faim qui sévissent au sein de leurs familles. «Si nous avons réussi à étudier, est-ce parce que nos familles étaient riches ? », s’interroge-t-il. Pour lui, il faut que les Batwa aient une volonté et une vision.
Des défis persistent encore
Mme Nicayenzi indique également que, depuis la création de l’Uniproba, les dirigeants ont plaidé en faveur des Batwa pour qu’ils aient des terres. Pascal Mashimango affirme que les Batwa de son ressort ont bénéficié de ces terres. Cependant, il regrette qu’ils éprouvent encore des difficultés pour avoir du fumier à cause du manque de bétail. Pour améliorer davantage leur mode de vie, M. Mashimango demande au gouvernement burundais et aux âmes charitables de leur venir en aide surtout en leur octroyant du bétail.
M. Mashimango dit également que la démographie galopante et l’exigüité des terres handicapent davantage la vie des Batwa qui pratiquent encore la poterie. « Ils ne trouvent pas actuellement d’argile et pire, ils n’ont pas de marché d’écoulement de leurs produits ».
Moïse Nkurunziza