Le cinéma burundais est un domaine de créativité sans égal qui inclut plusieurs métiers à la fois. Il contribue également à la promotion de la culture burundaise, au développement des artistes en particulier et du pays en général. Cependant, ce domaine artistique n’a pas encore sa place dans notre pays. Cela a été dit par Léonce Ngabo, président du Festicab (Festival international du cinéma de l’audiovisuel du Burundi), le jeudi 7 avril 2022, lors de la signature du contrat de partenariat avec la BCB concernant la 13e édition de ce festival.
Le cinéma, en tant qu’activité culturelle, est un pionnier dans le développement d’un pays, car les cinéastes sont des penseurs à plusieurs niveaux. Ils aident la société à exprimer ce que les gens pensent, mais qu’ils ne sont pas capables d’exprimer. Le cinéma est aussi un domaine de créativité immense et multiprofessionnel qui peut aider les jeunes ayant les talents, à se développer et contribuer au développement du pays, a souligné M. Ngabo. Ce dernier déplore néanmoins le fait que ce domaine artistique n’ait pas encore sa place au Burundi comparativement à d’autres pays qui lui accordent une grande place. De toute façon, M. Ngabo se dit satisfait du fait que depuis le début du Festicab, il y a beaucoup de jeunes talents qui prouvent qu’ils peuvent produire des films.
Une politique sectorielle bien claire pour promouvoir la culture burundaise
Dans la perspective de promouvoir l’industrie culturelle burundaise, M. Ngabo, estime que le gouvernement devrait définir une politique sectorielle bien claire qui encourage l’investissement dans ce domaine. Car, actuellement, la culture est arrivée à une étape d’industrialisation avec une dimension économique incroyable. Avec cette politique, on peut encourager les jeunes, mais aussi les investisseurs culturels de l’extérieur, à venir au Burundi. M. Ngabo a donné l’exemple de certains cinéastes étrangers où leurs films sont tournés dans d’autres pays suivant les facilités qui s’y trouvent. Pour lui, le Burundi dispose de potentialités qui peuvent attirer les étrangers pour y réaliser leurs produits artistiques. Pour ce faire, cela pourrait présenter des avantages tant pour certains jeunes artistes que pour le pays. De surcroît, toujours dans la recherche de la promotion de la culture de notre pays, M. Ngabo a insisté sur l’utilisation de la langue maternelle dans leurs produits. « Nous avons une langue très riche. Quand un Burundais joue dans sa langue maternelle, il est beaucoup plus spontané, plus vrai que dans une autre langue étrangère où on doit réfléchir », a-t-il expliqué.
Composer toujours dans la langue maternelle
Concernant les inquiétudes sur la façon dont les artistes burundais peuvent vendre leurs produits ou être suivis à l’étranger s’ils produisaient en Kirundi, le président du Festicab les tranquillise. Il leur conseille à utiliser les techniques soit de doublage soit de sous-titrage (respectivement, interprétation verbale des phrases utilisées dans une autre langue de façon simultanée ou écriture des phrases utilisées dans une autre langue). « Ce sont deux techniques qui font que personne dans le monde ne peut plus avoir des complexes de jouer dans sa langue maternelle. Nous encourageons beaucoup les jeunes ayant les talents, à composer dans la langue maternelle et de diffuser en langues internationales souhaitées à l’aide de ces techniques précitées », a-t-il renchéri. Toujours dans cette logique de montrer les avantages d’utilisation de la langue maternelle dans les productions artistiques, M. Ngabo se base sur l’exemple d’une tournée de cinéma mobile qu’il effectue après chaque édition du Festicab au moins dans 40 communes du pays où ils présentent les films sélectionnés et primés qui ont été produits par les jeunes burundais. « La population suit ces films en Kirundi, on sent qu’elle s’identifie à ce film et intègre le message contenu dans le film avec toutes les valeurs culturelles », a-t-il dit.
Insuffisance de locaux de répétition ou d’exhibition, un défi majeur
Toutefois, des défis ne manquent pas. Le problème majeur est lié à l’insuffisance de locaux de répétition ou d’exhibition au niveau national et spécialement dans la ville de Bujumbura.
Pour remédier à ce défi, a souligné notre interlocuteur, il faudrait qu’il y ait beaucoup de salles ou de maisons de la culture dans le pays pour que chaque commune ou province ait au moins une belle salle réservée à cela. Pour y arriver, le gouvernement et les investisseurs privés devraient prendre les devants.
Claude Hakizimana