La Banque d’Afrique pour le développement (Bad) a organisé le mardi 22 juin 2021 un atelier conjointement avec les ministères des Finances, de l’Energie et des Mines et celui de l’Environnement, de l’agriculture et de l’élevage (Mineagrie). L’objectif de cet atelier était d’ échanger sur la revue à mi-parcours du Document de stratégie Pays (DSP) 2019-2023 et de la performance du portefeuille des projets du Burundi financés par le groupe de la Banque africaine de développement (Bad) au Burundi. Cela ressort de l’allocution de Daniel Ndoye, représentant pays de la Bad au Burundi.
Dans son allocution, Daniel Ndoye a fait savoir que cet atelier est important pour la consolidation de la coopération entre la République du Burundi et la Bad car , dit-il, il donne l’opportunité de faire le point sur la mise en œuvre de la stratégie d’interventions de la Bad convenue avec le gouvernement en 2019, et sa contribution aux objectifs de développement du Burundi, d’évaluer la performance du portefeuille du Groupe de la Bad au Burundi, et d’en tirer les leçons pour le reste de la période du DSP (2019-2023).
Il a rappelé que cette stratégie vise à soutenir le gouvernement de la République du Burundi dans la mise en œuvre du Plan national de développement (PND) à travers deux piliers à savoir l’appui au développement et à la transformation de l’agriculture et l’amélioration des infrastructures de transport et d’énergie.
Trois opérations ont été approuvées entre 2019 et 2020
Daniel Ndoye a indiqué que trois projets dont celui d’appui au développement des chaines de valeur de l’agriculture et celui d’élevage (PADCAE-B) dans les provinces de Ngozi-Muyinga et Kirundo ; le Projet de réhabilitation du port de Bujumbura et le Projet d’un centre de Nutrition ont été approuvées entre 2019-2020. Et d’ajouter que deux appuis non initialement prévus, financés par le pilier III de la facilité d’appui à la Réduction du chômage des jeunes et engagement de la Diaspora (exécuté par l’OIM). Il a aussi évoqué le projet d’appui à l’amélioration de la mobilisation des ressources et du climat des affaires, ainsi qu’une assistance technique à une entité privée, Songa Energy solution, pour la préparation d’un projet de deux centrales hybrides Hydro-solaires. « Au total, 58,5 millions d’Unités de comptes, soit plus de 84 millions de dollars (166 milliards FBu) ont été mobilisés pour les deux premières années, y compris un cofinancement de 27 millions de dollars américains de l’Union Européenne pour le projet de réhabilitation du port.
La Covid-19, un des défis rencontrés
Le représentant pays de la Bad au Burundi fait savoir qu’au cours de la période 2019- 2021, la Bad a été marquée par des défis découlant notamment de la Covid-19. Il a ajouté que cette pandémie a eu des répercussions importantes sur les économies et la vie des populations dans le monde en général et au Burundi en particulier. « Cette pandémie a affecté les modes de vie, les systèmes de production et les échanges économiques et le bien-être des populations, particulièrement les plus vulnérables. Nous sommes réunis en nombre réduit pour question de respect des mesures barrières contre la Covid-19. Pour aider le pays à faire face aux effets de la crise, la Bad a mis en place un montant de 10 millions de dollars américains et a d’autre part opté pour le travail à domicile dans l’ensemble de ses sites dans le but de préserver la santé de son personnel », dit-il.
Continuer sur cette lancée autour des axes stratégiques
Cette autorité a continué en disant que pour le reste de la période (2021-2023), la Bad compte continuer sur cette lancée autour des mêmes axes stratégiques en vue de répondre d’une part aux objectifs de consolidation de la résilience, surtout dans la période post-crise Covid-19, et d’autre part aux priorités de son Excellence le Président de la République qui sont déclinées dans le Programme national de capitalisation de la paix, stabilité sociale et promotion de la croissance économique. Il a précisé que les financements prévus à cet égard entre 2021 et 2023 sont estimés à 110 millions de dollars américains dont 35 millions de dollars pour deux projets qui sont prévus pour être soumis au Conseil d’administration de la Bad au second semestre 2021.
En ce qui est de la situation du portefeuille en cours, le représentant Pays fait savoir que la Bad tout comme le gouvernement, ont le souci de s’assurer que les projets conçus et préparés ensemble, s’exécutent convenablement pour le bénéfice de la population. « Le portefeuille en cours de la Bad au Burundi comporte 15 projets pour un engagement total de 308 millions de dollars, soit environ 610 milliards de francs burundais avec une prédominance des secteurs de transport, de l’énergie et de l’agriculture. La qualité de ce portefeuille est globalement satisfaisante avec un taux de décaissement de 22% pour un âge moyen de 3,4 ans », a-t-il expliqué.
Des lenteurs significatives dans les décaissements
Même s’il y a des avancées remarquables par exemple dans la mise en place des infrastructures publiques comme la RN15, la RN5 et la RN18 dont les travaux vont bientôt être clôturés, cette autorité fait savoir que des difficultés persistent au niveau de certains projets où on observe encore des lenteurs significatives dans les décaissements. M. Ndoye cite l’exemple de la RN3 Rumonge-Gitaza les projets d’interconnexions électriques Burundi-RDC et Burundi-Rwanda dans le cadre du Nelsap, et le Projet d’appui à la transformation agricole dans la région de Bugesera (Patareb). Il a profité de cette occasion pour tranquilliser les populations qu’elles s’attendent à ce que la Bad va accélérer l’exécution des projets non encore réalisés.
Le ministre des Finances, Domitien Ndihokubwayo reconnait à travers son discours d’ouverture de l’atelier que la coopération économique et sociale entre la République du Burundi et la Bad ne date pas d’aujourd’hui et que cette dernière constitue par excellence, l’un des partenaires privilégiés du Burundi. « Cette coopération revêt un caractère multisectoriel dans des secteurs clés de la vie économique du pays. Le gouvernement attache une grande importance sur l’exécution technique et financière des projets et programmes financés par les partenaires techniques financiers pour que les financements accordés soient consommés à 100% et dans les délais impartis et afin de compte éviter qu’aucun dollar ne tombe en annulation comme l’on avait l’habitude de le voir dans le passé », a-t-il dit.
Des avancées remarquables dans secteur agricole
Quant au ministre de l’Environnement, de l’agriculture et de l’élevage, Déo Guide Rurema, il indique que dans le domaine agricole, la Bad contribue dans l’augmentation de la production agricole, dans la gestion post-récolte ainsi que dans la transformation. « C’est ainsi que nous sommes ensemble dans l’encadrement et dans l’approvisionnement des intra agricoles comme les semences de qualité et les fertilisants. La Bad contribue aussi dans l’aménagement des marais ; ce qui permet à la population d’avoir une production meilleure et de dégager un surplus. Cela entre dans la vision du gouvernement laborieux et responsable souhaitant que chaque bouche ait à manger et chaque poche ait de l’argent. La population a entendu l’appel et par conséquent, le gouvernement est en train de collecter la production et de l’acheter à un prix plus rémunérateur, ce qui encourage la population à produire plus», a-t-il conclu.
Olivier Nishirimbere