
Evarsiste Ndayishimiye :"Nous souhaitons que les Etats membres de la communauté des NU se lèvent comme un seul homme pour protéger et promouvoir tous les droits humains dont doit jouir l'humanité sans distection aucune"
Assemblée générale des NU : Discours du président du Burundi lors de la 77e session ordinaire
Il est temps de reconnaître les avancées du Burundi depuis 17 ans
Au cours de la 77 e session ordinaire des Nations unies, le président de la république du Burundi Evariste Ndayishimiye a tenu un discours devant l’Assemblée générale le 22 septembre où il a relevé les différents fléaux vécus par les pays du monde. Il a parlé des soubresauts engendrés par la situation en Ukraine et a attiré l’attention sur le terrorisme et l’extrémisme violents qui sévissent en Afrique. Le président Ndayishimye a fait observer que le moment est venu où les Nations unies reconnaissent les avancées réalisées par le Burundi depuis 17 ans. Il s’est aussi réjoui de la reprise de bonnes relations politiques, diplomatiques … qui avaient été gelées avec certains Etats et organisations internationales.
Nous rendons d’abord grâce à Dieu le Tout Puissant, le Tout miséricordieux pour nous avoir permis de participer à ces assises ici dans cette belle ville de New York dans de très bonnes conditions. Excellence Monsieur Csaba Korosi, Président de la 77e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies; Excellence mesdames et messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement; majestés, Monsieur le Secrétaire général des Nations unies ; mesdames et messieurs les Chefs de délégations, distingués délégués Mesdames et messieurs,
1. A l’entame de mes propos, permettez-moi, Excellence Monsieur le président, d’exprimer, à juste titre, mes sincères remerciements à l’endroit du gouvernement et du peuple américain, plus particulièrement celui de la ville de New York, pour l’accueil et l’hospitalité légendaire réservés à Moi-même et à la délégation qui m’accompagne.
2. Je voudrais également exprimer mes vives et chaleureuses félicitations à Son Excellence Monsieur Csaba Korosi, pour sa brillante élection à la présidence de la 77e session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies. Le Burundi, à travers ma voix, vous assure, Monsieur le président, de son plein soutien et entière coopération tout au long de votre mandat au service de l’Humanité.
3. Il me plaît, par la même occasion, d’exprimer ma profonde gratitude à votre prédécesseur, Monsieur Abdulla Shahid, pour le travail remarquable abattu dans des conditions extrêmement difficiles marquées par la crise actuelle consécutive à la pandémie de Covid-19 et les crises sécuritaires dans plusieurs régions du monde.
4. C’est dans ce même cadre que je rends un hommage mérité au Secrétaire général de notre Organisation Monsieur Antonio Guterres qui n’a ménagé aucun effort pour accomplir convenablement sa mission dans cette dure conjoncture marquée par diverses crises et paradoxes.
5. Je profite également de cette favorable opportunité pour adresser mes chaleureuses salutations à tous les participants à cette Session, particulièrement à ceux que je n’ai pas encore vus depuis mon arrivée ici. Que Dieu reste avec nous tous et bénisse les travaux de la Session déjà en cours. Excellence Monsieur le président, Excellences, Mesdames et Messieurs,
6. Un adage burundais que je vous traduis directement ici dit : « Dans un climat de paix, la serpette peut servir de tondeuse », pour dire, que là où il y a la paix, tout est possible. Le monde devrait aujourd’hui s’en inspirer. Malheureusement aujourd’hui, le monde est devenu une immense tour où nous assistons, nos yeux pleins de larmes, à des actes macabres dans certaines nations du monde à cause des guerres, des massacres horribles, des flux de réfugiés ainsi que l’insuffisance alimentaire et la déstabilisation des systèmes économiques mondiaux.
7. Les pays du monde sont en train aujourd’hui de subir des soubresauts de la situation en Ukraine. En Afrique, le terrorisme et l’extrémisme violents frappent encore dans la région du Sahel, dans la corne de l’Afrique et en Afrique centrale avec une tendance de l’étendre vers la région sud de l’Afrique. Il en est de même dans les autres parties du monde car, a-t-on remarqué, le terrorisme n’a pas de frontière, les changements climatiques qui causent des famines n’ont pas de limites. Mais ensemble, avec la volonté politique, nous pouvons vaincre ces fléaux, j’en suis confiant.
8. J’en suis confiant, M. le président, car mon pays le Burundi en sait trop, suite aux crises politiques répétitives que nous avons traversées qui non seulement ont détruit les vies humaines, mais aussi l’environnement. Aujourd’hui, nous nous sommes rétablis et le pays marche bien dans la voie vers son développement socio-économique.
9. Le Burundi essaie de marcher dans cette ligne, profitant des dividendes de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la cohésion sociale retrouvées grâce aux Burundais eux-mêmes, mais également grâce à la contribution des autres États. Nous souhaitons donc que l’esprit de paix, de fraternité et de justice soit le souci de tous pour que tous les peuples du monde jouissent pleinement de leurs droits de bien vivre dans la dignité. Et sur le plan humanitaire, le Burundi a accueilli sur son sol avec chaleur et dignité des milliers de réfugiés en provenance de la RDC, toutes ethnies confondues. Excellences, Mesdames et Messieurs ;
10. La paix est un sujet qui nous tient à cœur, son absence pèse lourdement sur la vie de nos peuples. C’est dans cet esprit que nous ne permettrons à aucun instant de nous dérober, chaque fois qu’il s’agira d’exécuter des décisions sécuritaires issues de cette majestueuse et importante organisation internationale qu’est l’Organisation des Nations unies.
11. C’est dans ce souci que le Burundi ne cesse de se battre bec et ongles pour contribuer au retour de la paix dans les pays où elle est troublée, dans le cadre de la Haute Institution des Nations unies ou dans celle de l’Union africaine ou de la région. En témoigne notre actuelle intervention en Somalie et en Centrafrique. Dans le même souci, le Burundi s’est engagé à contribuer au retour de la paix en République Démocratique du Congo (RDC) dans le cadre de l’initiative de la Communauté Est-africaine. Je profite de cette occasion pour demander à la communauté internationale d’appuyer cette « Initiative de Nairobi ».
12. Toujours dans le cadre de la paix et la sécurité, la participation à cette Session me suggère de solliciter très humblement l’implication des Nations Unies pour traquer les groupes terroristes qui commencent à s’infiltrer dans notre sous-région sans oublier ceux qui sévissent déjà dans d’autres coins du monde. La Communauté de l’Afrique de l’Est, dont le Burundi assure la Présidence vient d’accueillir un nouveau membre, la RDC et, avec les autres Chefs d’Etat des pays membres, nous nous sommes donné comme objectif de stabiliser toute la communauté pour que les populations de nos pays se concentrent enfin aux projets de développement socio-économique.
13. C’est pour cette raison que le gouvernement burundais est en train de développer la voie routière, la voie ferrée et la voie aérienne ainsi que le transport lacustre afin de réussir l’approche multimondiale et interconnectée au niveau national et sous régional qui s’impose à mon pays de manière incontournable. Le Burundi, ensemble avec la RDC et la Tanzanie travaillent étroitement pour réaliser le projet ambitieux de chemin de fer Uvinza-Musongati-Gitega-Bujumbura-Uvira-Kindu devant relier les trois pays et les deux océans Atlantique et Indien. Ce Mégaprojet permettra non seulement de booster les économies des trois pays mais également de faciliter la circulation des biens et des personnes dans la sous-région.
14. Nous souhaitons que les Etats membres de la communauté des Nations Unies se lèvent comme un seul homme pour protéger et promouvoir tous les droits humains dont doit jouir l’humanité sans distinction aucune. Nous apprécions ce qui se fait déjà aujourd’hui, mais il reste encore à faire pour que l’Homme jouisse pleinement de tous les droits que lui confère la nature humaine.
15. C’est pour cela que je profite de cette occasion pour remercier vivement la communauté internationale pour les efforts qu’elle a fournis pour rétablir la paix et la stabilité dans mon pays. Dans ce cadre, il me convient de porter à la connaissance de cette auguste assemblée qu’une justice équitable pour tous est aujourd’hui une réalité, et que les droits de l’Homme dont le droit d’expression et de presse sont respectés sur toute l’étendue du territoire burundais.
16. Mais malheureusement certains fonctionnaires, portant le flambeau de certaines institutions de notre organisation découragent ce développement 4 positif par la politisation de la démocratie et de la lutte contre l’impunité. Dans certains pays y compris le mien, quand la démocratie telle que définie s’enracine, certains fonctionnaires des NU la dénaturent en la qualifiant d’incrédible et de non-inclusive pour nous maintenir dans des tensions inutiles. Quand nous nous battons au quotidien contre l’impunité, certains fonctionnaires des NU cherchent encore à disqualifier nos actions.
17. Il est alors grand temps, Monsieur le président, que le Haut Commissariat des droits de l’Homme s’asseye ensemble avec nos pays pour avoir une lecture commune de la direction des politiques de nos pays, au lieu de vouloir téléguider ses actions à travers des Commissions et Bureaux des Rapporteurs Spéciaux unilatéralement. Le moment est venu, Monsieur le président pour que les Nations unies reconnaissent les avancées réalisées par mon pays depuis 17 ans et comprennent que le statut de pays fragile ne s’applique plus sur le Burundi. Excellence Monsieur le président, Excellences, Mesdames, Messieurs,
18. L’Homme est au cœur de l’économie depuis la famille jusqu’au niveau mondial. Nous devons donc contribuer au développement du capital humain en dotant à nos populations des outils appropriés, des expériences et des savoirs adaptés aux exigences de la vie d’aujourd’hui.
19. Nous devons trouver des solutions pour contrecarrer les menaces à notre économie, à notre santé, à notre système éducatif, à notre cohabitation pacifique, bref à notre façon de bien vivre dans nos Etats et entre les Etats du monde.
20. Nous savons que l’Organisation des Nations unies a le souci de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations du monde par l’accès à des revenus familiaux suffisants pour assurer un niveau de vie décent. L’éducation constitue un élément clé pour y parvenir.
21. Parlant de l’éducation, je ne saurais être plus explicite que Nelson Mandela quand il a dit je cite : « l’Education est l’arme la plus puissante pour changer le monde », fin de citation. Plusieurs années après cette célèbre citation, cette piste de solution pour opérer un changement positif au sein de nos communautés reste toujours d’actualité. L’éducation permet aux jeunes d’avoir des aspirations et des ambitions pour l’avenir et constitue un outil efficace de lutte contre la violence et le terrorisme.
22. C’est ainsi que dans mon pays, nous sommes en train d’initier des réformes, de repenser la politique du système éducatif afin de rendre notre jeunesse plus professionnel leque serviteur de la fonction publique. Nous constatons joyeusement que, dans mon pays, la gratuité de l’éducation a sensiblement augmenté l’engouement pour l’école tant pour les filles que pour les garçons et que les abandons scolaires au niveau de l’enseignement de base souvent liées à l’insuffisance alimentaire, à l’éloignement des écoles et au manque de frais scolaires ont sensiblement diminué.
23. Afin de transformer les jeunes en agents de la paix et du développement inclusif au Burundi, nous avons mis en place un programme ambitieux d’autonomisation économique et d’emplois des jeunes (PAEEJ) qui a pour mission de réduire le taux de chômage par la création de l’emploi des jeunes à travers l’entrepreunariat. Pour accompagner ce programme, nous avons mis à la disposition de la jeunesse, la Banque d’investissement des jeunes et un Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (FIGA) en vue de leur faciliter l’accès aux crédits.
24. Il en est de même pour les femmes qui d’ailleurs occupent un pourcentage élevé parmi les jeunes burundais. Nous avons créé la Banque d’investissent pour les femmes, et continuons les réformes visant à améliorer la santé et l’éducation féminine. La Première dame du Burundi a ouvert un hôpital pour traiter fistules obstétricales chez les femmes et, avec les partenaires au développement du Burundi, elle continue d’innover pour améliorer considérablement la vie de la femme burundaise.
25. Monsieur le président, l’urgence se trouve en même temps dans la lutte contre les effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19. Je lance à cet effet un vibrant appel à l’ensemble des partenaires au développement du continent africain à prendre des mesures courageuses destinées à accompagner les économies des Etats africains qui sont très durement affectés par les effets des différentes crises actuelles. Sachant qu’aucun pays au monde n’a été créé pour être assisté éternellement, cet accompagnement devrait se faire à travers des partenariats stratégiques mutuellement avantageux axés, entre autres, sur les investissements, la promotion des échanges commerciaux et le transfert des technologies.
26. Pour avoir le développement du capital humain et rendre la population dynamique et productive, le gouvernement est en train de doter à chaque commune au moins d’un hôpital et centres de santé pour prévenir et soigner les maladies, les épidémies et les pandémies. Nous nous félicitons pour avoir pu lutter efficacement contre la pandémie de Covid-19, mais la lutte continue. Je vous informe aussi que la gratuité des soins de santé est assurée pour les enfants de moins de cinq ans et pour les femmes enceintes qui accouchent dans les hôpitaux et centres de santé publics.
27. Dans ce cadre, le combat engagé pour le développement économique de mon pays passe d’abord par le développement du secteur agricole. C’est à cette fin que mon gouvernement a baptisé cette année « Année de l’agriculture au Burundi» sous le thème général «L’agriculture, source de l’économie nationale». Notre programme en matière de développement agricole passe avant tout par le changement des mentalités et des pratiques modernes. Nous incitons la population à viser plus loin en ne se contentant pas de produire pour consommer localement mais aussi et surtout pour l’exportation, à unir ses forces pour travailler en coopératives agricoles ; à viser le remplacement progressif de la houe par des outils modernes et les technologies agricoles.
28. Dans le cadre de l’environnement, le Burundi ne reste pas bras croisés, surtout que nous connaissons des cas de sécheresse dans certaines régions, des crues des rivières et des lacs, des inondations et des glissements de terrain qui emportent parfois des vies humaines, des maisons, des plantations, entrainant ainsi l’insuffisance alimentaire. Face à cela, le Burundi se joint à la décision du monde en réalisant des travaux de protection, de conservation et de gestion de l’environnement à travers des activités diverses sur tout le territoire national.
29. Tout cela s’accompagne par l’apprentissage à la résilience contre le changement climatique, par non seulement la pratique de l’irrigation collinaire mais aussi par des actions de protection du sol en traçant les courbes de niveau et en reboisant tous les terrains dans le cadre du projet initié par le gouvernement : « Ewe Burundi Urambaye » ; « Le Burundi couvert ». Dans mon pays, un jour par semaine est consacré à cette fin sur tout le territoire national.
30. Nous devons aussi veiller à développer progressivement les infrastructures d’appui à la production, en particulier l’énergie et le transport, pour mieux assurer la croissance des autres secteurs porteurs de croissance et d’emplois. Le gouvernement burundais a entrepris un vaste chantier de développement du secteur énergétique par la mobilisation des ressources à travers les cofinancements et les investissements du secteur privé. Il s’agit de mettre en valeur les potentiels hydroélectriques, solaires, de la tourbe, des ressources géothermiques et des déchets municipaux.
31. Les deux secteurs que je viens de mettre en exergue apportent également un appui crucial à l’exploitation des potentialités du secteur minier. Nous voulons ici développer un partenariat technique et financier mutuellement avantageux et équilibré dans le domaine de la prospection, de l’exploitation et de la transformation des produits miniers et géologiques dont les études réalisées révèlent un sous-sol très riche et encore vierge.
32. Pour que la paix et le développement soient une réalité, il faut que la bonne gouvernance et la bonne gestion des finances publiques soient mis en avant. Cela permet non seulement de combattre les frustrations au sein des citoyens qui sont à l’ origine des conflits sociaux mais aussi cela permet de bien planifier l’économie nationale. Nous vous informons que les mécanisme nationaux de lutte contre la corruption et les activités connexes sont très renforcés et que les actes de corruption sont efficacement combattus et les citoyens en sont satisfaits.
33. Pour l’activité économique, le Burundi est sur la bonne voie en mettant à profit ses ressources minières, les voies de transport routier, maritime et ferroviaire bientôt, aux opérateurs économiques. Nous voudrions aussi informer les investisseurs que le littoral du lac Tanganyika est en train d’être aménagé pour développer le tourisme, et que d’autres nouveaux sites touristiques sont en train d’être aménagés à l’intérieur du pays.
Monsieur le président, Mesdames, Messieurs,
34. Avant de terminer mon propos, je voudrais encore une fois réaffirmer la détermination de mon pays à continuer à entretenir de bonnes relations diplomatiques et de coopération mutuellement avantageuse (gagnant gagnant) avec tous les Etats et toutes les Organisations internationales dans le cadre de faire face aux défis fondamentaux qui nous menacent tous.
35. Nous nous réjouissons de la reprise de bonnes relations politiques, diplomatiques et économiques qui avaient été gelées avec certains Etats et Organisations internationales. Notre souhait ardent est d’entretenir avec les pays et les organisations Internationales, des bonnes relations fortes qui contribuent à un avenir radieux du Burundi et de tous les pays du monde.
Je vous remercie de votre aimable attention