Le secteur agricole est perçu comme un secteur à risque. Or, avant que les banques n’accordent un prêt à quelqu’un, elles vérifient d’abord que le projet à réaliser lui permettra de rembourser. Cela ressort de l’interview récemment accordé à la presse quotidienne Le Renouveau du Burundi, par Dr Salomon Nsabimana, professeur d’Universités et expert en macroéconomie.

Salomon Nsabimana indique que, selon une étude qu’il a réalisée, la majorité des crédits accordés sont orientés vers le secteur du commerce. La raison principale, telle qu’évoquée est que les projets commerciaux sont considérés comme moins risqués que ceux d’autres secteurs. Il souligne également que l’un des défis majeurs du financement du secteur agricole est lié à la disponibilité des ressources. En effet, les ressources des banques comme bien entendu, sont principalement de court terme. « Il est difficile de financer des investissements à long terme avec des ressources à court terme. Cela représente un problème d’offre et de demande de ressources », explique-t-il.
Réfléchir à l’organisation du secteur agricole
M. Nsabimana ajoute que le deuxième problème évoqué concerne la structure même du secteur agricole. « Il existe une agriculture de subsistance et une agriculture de marché », explique-t-il. Selon lui, les personnes qui sollicitent des crédits dans le secteur agricole sont généralement celles qui portent des projets d’investissement orientés vers l’agriculture de marché, ce qui nécessite une analyse approfondie. Il souligne que le secteur agricole est un secteur à risque et qu’il est donc indispensable de réfléchir aux mécanismes existants de couverture des risques. « Ce que je propose, c’est de voir comment organiser ce secteur de manière à pouvoir capitaliser les ressources », conclut-il.
Quant à Roger Guy Ghislain Ntwenguye, président de l’Abef (Association des banques et établissements financiers du Burundi), il met en lumière que les banques évoluent dans un environnement macroéconomique assez complexe, et donc c’est en fonction des évolutions au niveau de l’économie nationale que le secteur bancaire aussi doit s’ajuster. « Bien qu’il y a des défis qui existent par rapport à la politique économique, les banques restent concentrées, se focalisent sur le financement de l’économie réelle », fait-il savoir.
Il indique qu’il y a effectivement des secteurs qui sont plus financés et les secteurs qui ne sont pas suffisamment financés notamment le secteur de l’agriculture, le secteur des mines et le secteur de l’industrie. « Pour le secteur agricole, le taux de financement semble être très faible aujourd’hui. Mais, on vient de loin parce qu’il y a 10 ans le taux du crédit alloué au secteur agricole était à moins de 1%, aujourd’hui, on est autour de 10%. Donc on a fait des progrès sur ce secteur-là », affirme-t-il. M. Ntwenguye proposer qu’il doit y avoir l’existence des mécanismes d’accompagnement, notamment les garanties, les partages de risques qui doivent être mobilisés pour permettre, au secteur agricole de bénéficier de plus de financement de la part des banques.
Etienne Nduwimana
