La localité de Kiriri-Vugizo est dépourvue d’établissements scolaires. Les enfants de cette localité sont obligés de parcourir de longues distances pour aller étudier dans les écoles jugées proches. Ces enfants sont essentiellement inscrits à l’école Stella Matutina. Des parents y rencontrés regrettent que leurs enfants en paient un lourd tribut.
La localité de Kiriri-Vugizo présente des particularités fréquentes dans le domaine éducatif. Ce quartier résidentiel est l’une des rares localités du Burundi où les enfants doivent parcourir des kilomètres, avec les risques d’accidents, à la recherche de l’école. Par manque d’ établissements scolaires tant publics que privés, les élèves de cette localité sont obligés de fréquenter les écoles se trouvant en zone Rohero. Une grande majorité de ces écoliers fréquente l’école Stella Matutina. Quittant leurs familles très tôt le matin ou sur le chemin de retour à midi, ils traversent plusieurs routes à pieds, ce qui les expose aux risques d’accidents routiers.
La peine de ces écoliers : entre stupeur et inquiétude
Nous sommes le mardi 9 novembre 2021, il est 17h28, à la jonction de l’Avenue de la JRR et de l’Avenue Pierre Ngendandumwe, en zone urbaine de Rohero. Des enfants vêtus d’uniforme Kaki, parmi eux ceux de la première année de l’école fondamentale, se pressent pour regagner leurs familles. Ils rentrent de l’école Stella Matutina. A cette heure, la circulation est intense, un embouteillage monstre s’y remarque. Ces enfants sont condamnés à traverser respectivement l’avenue de la JRR, l’avenue Muyinga, le Boulevard Mwezi – Gisabo pour atteindre leurs domiciles. A l’avenue Muyinga, des groupuscules d’écoliers à pieds, apparemment fatigués et affamés se forment pour traverser. Des conducteurs s’arrêtent pour laisser ces innocents partir. A quelques dix mètres en bas, un « boss » dans son automobile de type Prado en provenance de la Clinique prince Louis Rwagasore, apparemment pressé et roulant à grande vitesse décide de dépasser les autres. Il emprunte le passage réservé aux piétons et le rétroviseur de son véhicule cogne une écolière d’une douzaine d’années au niveau de la tête. L’enfant se met à pleurer. Le «boss» la regarde à travers la vitrine, fait semblant de s’arrêter avant d’accélérer. Craignant l’agent de police militaire qui assurait la sécurité, il emprunte l’avenue de la JRR, rebrousse chemin au niveau de l’entrée de l’Etat-major général et se volatilise.
La deuxième scène qui met en danger la vie de ces écoliers s’observent tout au long de la route. Arrivée à la jonction du boulevard Mwezi-Gisabo et la route qui passe devant les étangs de la Regideso, devant le campus Rohero, il y a un regard sans couvercle. Certains de ces enfants, profitant de l’ombre d’un manguier s’y reposent. D’autres commencent à avoir la curiosité de voir ce qui se trouve à l’intérieur de ce regard. Certains y jouent même en toute quiétude. Les passants ne disent aucun mot pour rappeler ces enfants à rentrer fautes d’y subir d’accidents.
Les parents de Kiriri-Vugizo remettent leurs enfants dans les mains de Dieu
Emelyne Nishimwe habitant la localité de Rweza affirme qu’elle a remis sa fillette, prénommée Naïma dans les mains de Dieu. Pour elle, sa fillette ne doit ni rester à la maison ni être accompagnée tous les jours par ces parents à l’école. Toutefois, elle affirme qu’elle ne se sent pas tranquille tout le temps que son enfant passe à l’école . «Nos enfants quittent la maison sans savoir s’ils vont y retourner», s’inquiète-t-elle. Elle demande la relance des travaux de construction d’une école fondamentale dans cette localité.
Moïse Nkurunziza