Un appel à être des messagers de la vérité est lancé
La CVR (Commission vérité et réconciliation) a organisé une réunion, le jeudi 13 novembre 2025 à Bujumbura, à l’intention des ressortissants de Ntega et Marangara et autres participants représentant différentes institutions en vue de recueillir des avis sur les massacres de 1988 dans ces localités. Selon le président de la CVR, Pierre Claver Ndayicariye, ces éléments contribueront dans la bonne préparation des enquêtes de cette Commission (auditions, excavations des fosses communes). Les ressortissants de ces localités sont appelés à être des messagers de la vérité et à soutenir la CVR.

« Nous sommes venus pour nous rappeler comment cette tragédie a débuté, son déroulement, les auteurs impliqués dans ces tueries et ses conséquences douloureuses qui ont laissé beaucoup de chagrin dans les différentes familles de cette localité », a indique Pierre Claver Ndayicariye dans son mot introductif de la réunion. Cette réunion consistait à recueillir les avis auprès des ressortissants de Ntega et Marangara de la province de Butanyerera et d’autres participants invités, en vue de bien préparer les enquêtes( auditions, excavations des fosses communes) sur les massacres de 1988.
Pour M. Ndayicariye, le Burundi a soif de connaître une vérité unificatrice, la vérité qui débouche sur « plus jamais ça ». En plus des ressortissants de Ntega et Marangara, la réunion a également vu la participation des représentants de différentes institutions notamment la présidence, les forces de défense et de sécurité, certains leaders des partis politiques, les confessions religieuses, etc. Les participants ont été invités à s’exprimer en répondant surtout à un questionnaire émis par le président de la CVR et élaboré pour faciliter les témoignages et les échanges.
Le climat politico-social malsain avant la tragédie de Ntega-Marangara
Parmi ceux qui se sont exprimés, certains convergent sur le fait qu’avant les massacres de Ntega et Marangara, le climat politico-social n’était pas au beau fixe au niveau national, surtout entre les Hutu et Tutsi. Pourtant, certains rescapés de ces tueries témoignent que la cohabitation était bonne dans ces localités, sans signes avant-coureurs. Cette cohabilitation s’est progressivement détériorée au fil du temps jusqu’à se retrouver dans ces événements malheureux. Sur ce point, le président de la CVR n’est pas du même avis. « Les tueries ne peuvent, en aucun cas, se propager dans deux communes sans signes précurseurs. Peut-être qu’ils sont là, mais que les responsables n’y travaillent pas », fait-il entendre en soulignant que pour les tragédies antérieures déjà enquêtées, il y avait toujours des signes avant-coureurs.
Concernant l’élément déclencheur, les participants ne semblent pas unanimes. Des idées diverses et divergentes ont été émises. « Des Hutu ont été tués, des Tutsi ont été tués et il y a, dans tous les cas, des auteurs. Nous avons besoin de la vérité », soulignent certains intervenants. A cet effet, la CVR a été invitée à mener des enquêtes approfondies pour connaître la vérité autour de cette tragédie qui a occasionné des conséquences néfastes presque dans tout le pays.
Pour aboutir à la vérité des évènements de Ntega et Marangara, M. Ndayicariye appelle les intellectuels de ces localités à être des messagers de la vérité, de jouer leurs rôles pour soutenir cette commission dans la réalisation de ses missions.
Claude Hakizimana
