Mohammed bin Hamdan Al Sharji, un pionnier omanais parmi les grands bâtisseurs de Rumonge

Né en 1917, Mohammed bin Hamdan Al Sharji a marqué durablement l’histoire de Rumonge par sa contribution dans le développement de la commune. Selon plusieurs témoignages des habitants de cette commune, c’est un homme au cœur d’or dont tout le monde devrait prendre pour modèle.
Selon Ismaël Nikobiba, l’un des habitants de la localité, tout le monde devrait prendre ce modèle. Pour lui, cet homme est incomparable car, à part les aides qu’il apporte à l’église musulmane en construisant des mosquées, il contribue aussi dans plusieurs domaines de développement notamment l’éducation. Plusieurs témoignages dont l’administration témoignent que Mohammed bin Hamdan Al Sharji était un homme hors du commun.
Qui est Mohammed Bin Hamdan Al Sharji?

Grand Muft d’Oman, Shaikh Ahmed Al Khalili accompangné d’une délégation du ministère Omanais des affaires religieuses et d’officier architecte á l ‘armée royale d’Oman, Saud Al Sharji
Mohammed Bin Hamdan Al Sharji est d’origine Omanaise. Il s’installe à Rumonge au Burundi dans les années 1930 après un long périple depuis Oman. Né en 1917 à al Mudhaibi (Oman), orphelin de mère dès sa naissance, il fut élevé par son grand-père maternel Said bin Saif al Sharji. À seulement 17 ans, il entreprit seul un voyage vers l’Afrique orientale, passant par Zanzibar et la Tanzanie avant de poser ses bagages définitivement au Burundi. Visionnaire, Mohammed Bin Hamdan Al Sharji contribua à bâtir une communauté dynamique de commerçants arabes et omanais. En 1968, avec l’appui de l’Association internationale pour le développement rural (AIDR), il lança un projet d’adduction d’eau potable depuis la montagne de Busaga, améliorant ainsi la vie des habitants. Il s’impliqua aussi dans l’électrification de la région et encouragea la création de médias communautaires, renforçant la cohésion sociale.

Homme de foi, il participa à la construction de la mosquée de Rumonge o enseignait le Coran. Ladite mosquée a été rénovée puis ré inaugurée le 17 février 2007, en présence du Grand Mufti d’Oman, Cheikh Ahmed al Khalili, accompagné d’une délégation du ministère omanais des Affaires religieuses et du premier officier architecte à l’armée royale d’Oman, Saud al Sharji, fils de Mohammed.
Parmi les anecdotes marquantes, on rapporte qu’à la date du 17 septembre 1939, lors d’une chasse en brousse, un lion surgit soudainement. Tous ses compagnons prirent la fuite, à l’exception de son beau-frère, Nasser bin Salim al Azri. Ensemble, ils firent face à l’animal, et Mohammed l’abattit d’un tir précis. Cet épisode reste gravé dans la mémoire de la communauté de Rumonge.
Connu pour ses œuvres philanthropiques
Selon Désiré Niyongabo, l’un des parents d’élève de l’école fondamentale Rumonge1, Mohammed Al Sharji a hérité ce cœur de ses parents. Il est connu pour sa générosité car avant même ce geste grandiose de don de ces bancs pupitres, il distribuait chaque vendredi des denrées de première nécessité aux plus démunis. Chaque année, à l’occasion de l’Aïd musulman, il commandait de nouveaux uniformes pour tous ses domestiques, même non musulmans, en guise de remerciement.
Selon le témoignage d’un de ses voisins, cet homme a un cœur d’or car malgré son statut, il a pris soin d’une femme du nom de Minani, souffrant de troubles mentaux, qu’il soutint avec dignité et compassion. Il organisait régulièrement des rassemblements omanais chez lui, véritables moments de solidarité et d’orientation pour sa communauté.
Mohamed al Sharji en venant en aide à la population de Rumonge, ne considérait ni la religion ni l’ethnie. Il apportait son soutien à tous sans distinction aucune.
Décédé en 1972, Mohammed Bin Hamdan Al Sharji repose dans la mosquée de Rumonge mais son héritage demeure vivant et illustre la profondeur des liens historiques entre Oman et le Burundi.
Hamed Al Sharji, héritier d’un engagement solidaire.
C’est ainsi que pour la continuité des actes de bienfaisance, à la veille de la rentrée scolaire le 11 août 2025, Hamed Al Sharji, fils du pionnier Mohammed Bin Hamdan Al Sharji, a fait un don de 2000 pupitres à l’école primaire Rumonge I, perpétuant ainsi une tradition familiale d’entraide et de soutien à l’éducation. A cette occasion, il a fait savoir que le don de deux mille pupitres en faveur de cette école revêt une signification particulière pour lui, car c’est là qu’il a effectué sa scolarité. Il a tenu à remercier chaleureusement les enseignants qui l’ont formé, ainsi que ses anciens camarades de classe. Il a également encouragé les élèves actuels à faire bon usage de ces pupitres et à en prendre soin, afin que les générations futures puissent, elles aussi, en bénéficier.
Des liens culturels et humains entre le Burundi et l’Oman cimentés


De son côté, l’administrateur de la province de Rumonge, Augustin Minani, a exprimé sa profonde gratitude à M. Hamed pour ce geste d’une valeur inestimable posé en faveur de la population de Rumonge. Il a souligné que ce dernier a répondu favorablement à l’appel des autorités locales, en tant que citoyen burundais, originaire de Rumonge, bien qu’il réside actuellement à Oman. À cet effet, ce geste s’inscrit dans l’héritage humaniste initié par son père, qui, dès les années 1930, avait contribué à faire de Rumonge une terre d’accueil et d’opportunités pour de nombreux migrants, notamment les commerçants arabes et omanais. D’autres interlocuteurs qui ont connu Mohammed Bin Hamdan Al Sharji témoignent que ce dernier s’était illustré par sa solidarité envers les réfugiés algériens en 1963, fuyant la guerre d’indépendance. Une de ses neuf maisons servait d’auberge pour les voyageurs arabes de passage. Son coffre-fort personnel (rare à l’époque) lui valut la confiance de nombreux commerçants, qui lui confiaient leurs économies, quelle que soit leur origine ou leur religion. La famille Al Sharji incarne ainsi, de génération en génération, des valeurs de cohésion sociale, de spiritualité et d’inclusion. Le geste récent de Hamed Al Sharji témoigne d’un engagement continu en faveur du développement humain au Burundi et d’une fidélité aux valeurs transmises par son père. Aujourd’hui encore, sa famille reste un pilier de la vie communautaire à Rumonge, illustrant la force des liens culturels et humains entre Oman et le Burundi