A l’occasion de la présentation du bilan des réalisations de la Commission vérité et réconciliation(CVR) en mairie de Bujumbura, le jeudi 5 août 2021, le président de la commission, Pierre Claver Ndayicariye, est revenu sur les violations graves des droits humains dans le ministère de l’Education nationale pendant les massacres de 1972.
«En mairie de Bujumbura, il n’y a pas que de veuves et d’orphelins qui ont témoigné mais aussi des archives», a précisé Pierre Claver Ndayicariye. Les investigations menées au ministère de la Justice, au parquet général de l’Etat, aux Publications de presse burundaise, à la RTNB et ailleurs prouvent que depuis l’instauration de la République, il y a eu, surtout à la veille de la catastrophe de mai et juin 1972, des moments difficiles aux citoyens burundais.
Dans le ministère de l’éducation nationale, les investigations de la CVR prouvent que des fonctionnaires et des enseignants ayant été tués, ont été ensuite révoqués sous différents prétextes de poursuite judiciaire, de démission ou de désertion. M. Ndayicariye a indiqué que la CVR a même trouvé parmi les archives, une lettre de mise en disponibilité glissée dans un dossier personnel d’un fonctionnaire tué.
Certaines écoles de la mairie étaient sous tension
Comme l’a fait savoir le président de la commission, à l’Ecole nationale d’administration, parmi les cent cinquante élèves de cette école, une cinquantaine est disparue. Une scène similaire a eu lieu à l’Athénée royal de Bujumbura où ont eu lieu des cas d’arrestations d’élèves Hutus à la veille de la fête de l’Ascension en 1972. Au collège du Saint- Esprit géré par les Pères Jésuites, il n’y a pas eu beaucoup d’arrestations, mais les élèves Tutsi parmi les plus âgés, armés de couteaux et de pierres , s’étaient répartis aux côtés des condisciples Bahutu auxquels ils ont infligé des coups atroces. Un prêtre européen courageux s’est interposé pour réduire la tension. A l’Ecole technique secondaire de Kamenge, des élèves ont été portés disparus sous la complicité d’un officier de l’armée en date du 17 mai 1972 et les parents n’ont jamais été informés de la situation de leurs enfants. «C’est cette partie de la vérité qu’il faut dire aux familles des victimes, qu’il faut rappeler aux familles des présumés auteurs et qu’il faut raconter au Burundi et au monde.», a-t-il conclu.
Fiacre Nimbona