Les communautés riveraines des 16 collines du secteur de Musigati, limitrophe du parc national de la Kibira jouent un rôle essentiel dans la préservation de cet écosystème vital. Leurs actions sont soutenues par des initiatives locales et des partenariats avec des organisations telles que l’OBPE (Office burundais pour la protection de l’environnement) et l’association Conservation communauté de changement (3C), en collaboration avec le PNUD. Reportage effectué récemment par les journalistes réunis au sein de l’AJEB (Association des journalistes environnementalistes).

Après la délimitation physique du parc national de la Kibira, une initiative qui visait à établir des pare-feu, des bandes de terre dénudées servant de barrière naturelles pour séparer la zone forestière des terres agricoles, l’association 3C appuyé par le PNUD passe à l’étape de préparation des pépinières. Ces dernières serviront à la multiplication des plantations d’arbres (fruitiers et forestiers) qui seront plantés le long de la rivière Mpogora de la colline Mpishi et les rivières Kirama et Nyamuzinga de la colline Kanazi afin de montrer clairement la zone tampon.
Douze mille arbres forestiers et fruitiers seront plantés
Jean Marie Nzohabonayo, secrétaire exécutif de l’association 3C, qui supervise ces activités, fait savoir que douze mille arbres seront plantés sur les 3 rivières citées ci-haut pour leur protection et celle des habitations des communautés riveraines.
Selon lui, l’association 3C préfère impliquer les communautés dans ces activités parce que ce sont elles qui s’occuperont du suivi de ces pépinières et de ces plantations d’arbres car ce sont elles qui sont très proches », indique M. Nzohabonayo. Il ajoute que ces pépinières sont en train d’être préparées en deux groupements à savoir celui de la colline Kanazi et l’autre situé sur la colline Ruce. Les types d’arbre qui seront plantés sont notamment le mesopsus, cèdre, greveria, avocatiers et autres fruitiers.

Des destructeurs deviennent des protecteurs
Quant au président de l’association « Dukingire ibidukikije », il affirme qu’au- paravent, les communautés faisaient des pratiques dégradant la Kibira notamment la coupure illégale des bambous pour la construction, l’exploitation illégale des ressources forestiers. M.Bucumi fait savoir qu’avec leur intégration dans l’association, ils ont changé de mentalité. « A présent, les membres de l’association, qui étaient parmi ceux qui s’adonnaient à la dégradation du parc sont sensibilisés à le préserver notamment en plantant des arbres dans leurs champs pour satisfaire leurs besoins en bois de chauffage ou en matériaux de construction, ce qui limite le recours aux ressources du parc ».
M. Bucumi précise qu’en plus de protéger et préserver la Kibira, ces activités exercées leur permettent de gagner de l’argent pour subvenir à leurs besoins. « Après trois semaines, on nous paie 60% de notre salaire et les 40% qui restent, sont épargnés au sein de l’association et cela nous permet de contracter un petit crédit remboursable à un faible taux d’intérêt en cas de besoin », explique-t-il.
Avantages écologiques et économiques de préserver la Kibira
Elie Nduwabike, écogarde du secteur Musigati aborde dans le même sens que les communautés riveraines affirmant qu’ils ont changé de mentalité. Actuellement, elles ne s’introduisent plus dans le parc pour des pratiques illégales. « Aujourd’hui, il n’y a plus de guerre entre la population et les écogardes. Nous travaillons ensemble avec un même objectif de protéger et préserver le parc. »
M. Nduwabike fait savoir que préserver la Kibira, une forêt tropicale, présente de nombreux avantages écologiques, économiques et sociaux. Pour lui, préserver cette forêt c’est préserver la biodiversité. La Kibira est un habitat naturel pour de nombreuses espèces animales et végétales, certaines endémiques. C’est aussi une source de diversité génétique essentielle pour la résilience des écosystèmes.
M. Nduwabike explique que la Kibira permet également à réguler le climat. Elle joue un rôle clé dans la séquestration du carbone, aidant à limiter le réchauffement climatique. Elle contribue à stabiliser le climat local (température, précipitations). « Préserver le Kibira c’est préserver la qualité de l’eau en réduisant l’érosion et la sédimentation”
Un sentiment de satisfaction pour les communautés riveraines de la Kibira
La prénommé Yollande, membre de l’association « Dukingire ibidukikije », dit quet grâce au travail rémunéré, les membres de l’association consacrent leur temps à la protection de la Kibira au lieu de la détruire à travers la chasse et l’agriculture pour trouver de quoi manger et l’abattage des arbres utlisée pour le bois de chauffage. «On nous a expliqué les conséquences de la destruction de notre parc. Nous savons que plus il est détruit, plus il se manifeste la des effets pervers dus à la déforestation. Il ne pleut pas. Les espèces tant animales que végétales disparaissent à petit feu», renchérit-elle.
Jeanine Ntirampeba, membre de l’association « Dukungire ibidukikije » est ravie du fait qu’elle gagne sa vie à travers les activités de protection de ce parc.
Les membres de cette association engagée dans la protection du parc de la Kibira promettent qu’ils sont déterminés à redoubler d’efforts. Ils comptent même sensibiliser les autres habitants pour qu’ils soient dans la même cadence de protection dudit parc.
Etienne Nyabenda, un des administratif à la base affirme que la population s’implique de plus en plus dans la protection et la préservation de la Kibira , il ajoute que la participation de la population environnante dans les activités génératrices de revenus supervisées par l’association 3C et PNUD a changé positivement leur vie quotidienne.
Signalons qu’une campagne de délimitation physique du parc national de la Kibira a été lancée en date du 26 novembre 2024 sur 16 collines du secteur Musigati dont la colline Kanazi.
Eliane Nduwimana