Protéger et rentabiliser les œuvres
Les artistes chanteurs et musiciens qui se sont dernièrement entretenus avec le journal «Le Renouveau du Burundi» disent qu’ils finissent leurs carrières musicales dans une extrême pauvreté. Leur vieillesse est presqu’indigente. Ils demandent la mise en place du droit d’auteur pour protéger et rentabiliser leurs œuvres. Claudette Mukankuranga, directrice générale de l’OBDA (Office burundais des droits d’auteur), appelle les artistes à faire d’abord enregistrer leurs œuvres au sein de l’OBDA pour qu’elles soient reconnues et protégées par la loi y relative car quand l’heure viendra, cet office partagera les redevances aux artistes inscrits dans ses archives.

Selon la directrice générale de l’OBDA, il serait au moins facile pour une œuvre enregistrée d’aider l’artiste à réclamer ses droits car il a aussi la mission de contraindre les consommateurs, les aventuriers qui les traduisent, les interprètent, les reproduisent, ou ceux qui utilisent toujours dans les karaokés et sur les plates-formes et chaines de diffusion. Claudette Mukankuranga précise notamment les radios, sociétés de télécommunication, hôtels, bars, restaurants, studios, salons de coiffures, les salles cinématographiques et les salles des différentes fêtes et autres usagers.
Piratage des chansons
«L’OBDA est en train de travailler jour et nuit pour vulgariser la loi de 2005 portant droit d’auteur et droits voisins et contraindre les usagers des œuvres artistiques à payer les redevances. Ce sont ces redevances d’utilisation qui seront partagées aux artistes inscrits dans cette institution, après avoir fixé clairement les marges et les mesures à suivre dans cette distribution.
Certaines chansons des artistes retraités de la musique burundaise actuelle sont reprises par les artistes de la nouvelle génération. Mathias Ntamijuriro est l’un des chanteurs qui sont à la retraite. Il indique que, bien qu’ils aient chanté pour la nation, les chanteurs à la retraite ne perçoivent pas de redevances. «Nous demandons au gouvernement de mettre en place une loi qui protège les œuvres déjà produites et qui accorde plus de respect aux auteurs car la composition des chansons leur prend plus de temps et beaucoup d’énergie. Avec une loi, il faudrait que quiconque veut les interpréter s’entende avec l’auteur de la chanson pour obtenir au moins quelque chose en retour.
Joseph Torobeka, qui joue de la harpe, dit que les chanteurs à la retraite ne gagnent rien pour survivre. Ce chanteur indique qu’il a passé plusieurs années dans la carrière musicale mais sans intérêts personnels remarquables. Il fait savoir qu’il mène une vie meilleure par rapport à plusieurs artistes en retraite parce qu’il travaille au sein du ministère en charge de la jeunesse, culture et sport.
Ce sage de la musique fait savoir que le Burundi est presque le dernier pays au monde en matière de respect et de valorisation de la musique traditionnelle locale.
Avis partagés des musiciens
«Le gouvernement du Burundi semble ne pas s’occuper des questions vitales qui pourraient aider les anciens musiciens qui ont longtemps consacré leur vie à la musique ainsi qu’au développement du pays par cet art noble.», poursuit Joseph Torobeka. Il mentionne que leur travail est souvent négligé en raison de leur faible rémunération. Il montre que, par exemple, certains artistes affiliés à l’INSS (Institut national de la sécurité sociale) ne reçoivent que 12 000 francs burundais à la retraite, ce qui est très peu en comparant à d’autres pays voire médiocrisé. Joseph Torobeka demande au gouvernement d’aider les musiciens retraités et de garantir le respect de leurs œuvres.
La chanteuse Bernice Irumva ne voit pas les choses de la même manière que ses prédécesseurs en retraite. Pour cela, elle exhorte ses aînés à cesser de se lamenter et utiliser des voies légales pour chercher de l’aide concernant leurs droits musicaux. Elle sollicite également auprès du gouvernement du Burundi la mise en œuvre de la loi sur le droit d’auteur afin que les redevances commencent à affluer, ce qui pourrait aider les organisations des chanteurs à ouvrir des bureaux.
Au sein de l’Amicale des musiciens du Burundi, quelques membres de cette association disent que la retraite des musiciens semble être ignorée. Ils demandent au gouvernement de mettre en place des droits qui favorisent l’auteur à rentabiliser ses œuvres dans sa carrière et même durant sa retraite.
Médard Irambona (stagiaire)