Le sanctuaire des tambours royaux de Gishora, situé dans la province de Gitega, incarne l’un des symboles les plus puissants de la culture burundaise. Reconnu pour son rôle central dans l’histoire et les traditions du Burundi, ce site patrimonial traverse aujourd’hui une phase délicate : comment préserver son héritage tout en s’adaptant aux exigences de la modernité et du tourisme contemporain ? Fondé sous le règne du roi Mwezi Gisabo au XIXe siècle, le sanctuaire de Gishora est un vestige unique du patrimoine culturel burundais. Le tambour royaul, appelé « Karyenda », étaint sacré. Ils rythmaient les moments importants de la vie royale, servant à annoncer des décisions cruciales, célébrer les récoltes ou marquer des rituels. Ces tambours ne sont pas uniquement des objets ; ils représentent un lien spirituel et historique entre les générations.
Le sanctuaire joue un rôle clé dans la préservation des savoirs ancestraux. Les gardiens de Gishora, souvent descendants des tambourinaires royaux, forment des jeunes à cet art, assurant ainsi sa pérennité. Les danses et les battements de tambours, exécutés avec une précision fascinante, attirent autant les touristes que les chercheurs. Cependant, cette transmission n’est pas sans obstacles. Il s’agit notamment du manque de soutien financier pour la formation des jeunes et l’exode rural, qui pousse les jeunes à quitter les villages, privant le sanctuaire de talents potentiels. Gishora s’est ouvert au tourisme, accueillant des visiteurs locaux et internationaux. Sa proximité avec la ville de Gitega, capitale politique du Burundi, en fait une destination accessible pour ceux qui souhaitent découvrir le patrimoine burundais.
Le site propose aux visiteurs des spectacles impressionnants de tambourinaires, où les rythmes puissants et les danses synchronisées captivent l’audience. Ces performances, organisées dans un cadre authentique, transportent les spectateurs dans une époque révolue, tout en mettant en valeur l’identité culturelle actuelle. Toutefois, l’attractivité touristique de Gishora est limitée par un manque d’infrastructures modernes, notamment l’hébergement, les parkings et les services touristiques. Faible promotion internationale, ce qui réduit la visibilité du site à l’étranger. Gishora est confronté à un paradoxe. Comment valoriser ce patrimoine dans un monde moderne sans en dénaturer l’essence ? Le sanctuaire de Gishora n’est pas seulement un vestige du passé, c’est un symbole vivant de l’identité burundaise. Il rappelle aux Burundais et au monde entier la richesse culturelle du pays.
Entre tradition et modernité, le sanctuaire des tambours royaux de Gishora reste une fierté nationale. Son avenir repose sur une valorisation intelligente qui respecte ses racines tout en embrassant les opportunités offertes par le tourisme et le développement culturel. Dans un contexte où le Burundi aspire à se positionner sur la scène touristique africaine, Gishora est une pièce maîtresse qui mérite une place centrale.
Amédée Habimana