Clôture du PDLE> Des résultats face aux défis de l’emploi au Burundi
Après plusieurs années d’intervention, le projet présente ses adieux aux parties prenantes
Clôturé avec succès en juin 2024, le Projet de Développement Local pour l’Emploi (PDLE), mis en œuvre avec le soutien financier de la Banque mondiale à hauteur de 50 millions de dollars, a transformé la vie de milliers de Burundais. Lancé en 2017, ce projet phare du Gouvernement a permis de créer de nombreux emplois, d’améliorer les infrastructures de base en milieux urbains et milieux ruraux et de stimuler l’économie locale.
Dans son exposé, Monsieur Joseph Bipfubusa coordinateur national du PDLE a mis en avant la triple mission du PDLE qui consistait à : améliorer l’accès aux services sociaux de base par la construction et la réhabilitation d’infrastructures essentielles telles que les routes, les écoles, les centres de santé et les marchés; générer des revenus pour les personnes et les entreprises et soutenir le développement des MPMEs locales en renforçant leurs chaînes de valeur. Il a souligné que l’approche qui a été mise en avant par le PDLE a permis d’atteindre logiquement tous les objectifs liées à l’accès aux services sociaux de base, à l’emploi et aux perspectives économiques qui ont contribué à accroître la résilience du secteur privé. La participation aux travaux de construction des infrastructures financées par le projet a contribué à l’employabilité des personnes qui y ont participé ces améliorations ont contribuées à créer un environnement plus favorable aux activités économiques et à améliorer l’accès aux services essentiels pour les populations. Un nombre significatif d’emplois dans des secteurs clés tels que la construction, l’agribusiness ont été créés pour réduire le taux de chômage et améliorer les revenus des ménages burundais, En plus des entreprises formelles du secteur de construction et l’agroalimentaire qui ont bénéficiées des subventions pour leur développement le projet a aussi encouragé les entreprises informelles pour devenir formelles et de se faire enregistrées. Le PDLE a mis à leur disposition des formations ciblées, des financements des capacités adaptés et un accompagnement technique personnalisé.
Le développement des chaînes de valeur qui consiste à améliorer la qualité des produits locaux et à faciliter leur accès aux marchés, en renforçant les liens entre les différents acteurs d’une filière, de la production à la commercialisation.
Les impacts concrets du PDLE
Selon l’exposé de Monsieur Joseph Bipfubusa, grâce à un investissement total de 29 millions de dollars, le PDLE a réalisé 47sous-projets d’infrastructures dans 16 provinces du pays et dans trente-trois (33) Communes. Malgré des contraintes budgétaires, ces 47 sous-projets ont été achevés avec succès. Ces réalisations ont permis d’améliorer considérablement les conditions de vie des populations locales, grâce à la construction de centres de santé, de marchés modernes, d’établissements scolaires et de bâtiments administratifs. De plus, des travaux de réhabilitation de la voirie ont été effectués dans plusieurs 4 principales villes ( Bujumbura, Gitega Kayanza et Bubanza, contribuant ainsi à améliorer la mobilité et le développement économique local.”
Le PDLE a soutenu la création de nombreuses entreprises locales. En se limitant aux entreprises bénéficiant de subventions pour leur développement telles que les entreprises formelles et les entreprises informelles qui peuvent devenir formelles dans les secteurs cibles (construction et agroalimentaire) le nombre d’entreprises bénéficiant d’initiatives du secteur privé est estimé à 6 958, soit près de vingt fois la cible attendue en fin de projet. En restant dans le cadre de la définition de l’indicateur du projet et de la cible y relative, le niveau d’efficacité de l’ODP a été exceptionnel.
Sous cette hypothèse, le nombre d’entreprises ayant bénéficié des appuis du fonds catalytique est de 341 parmi lesquelles 78 ont bénéficié un appui financier.
Les autres entreprises qui ont bénéficiés du PDLE sont notamment celles qui ont eu des meilleurs services au niveau des structures appuyées/modernisées dans le cadre du renforcement institutionnel. Il s’agit notamment de l’ADB, l’ARCP, l’OBUHA, la Direction des Titres Fonciers et du Cadastre National (DTF/CN) et le Tribunal de Commerce de Bujumbura.
Au niveau de l’API/ADB, l’appui du projet a permis l’élaboration du Plan Stratégique de l’agence et son évolution vers une Agence de Développement aux standards internationaux. Le Plan Stratégique 2022 – 2027 a été ainsi consacré à l’évolution institutionnelle de l’API et sa transformation en Agence de Développement du Burundi. Le Plan Stratégique a doté l’Agence d’un cadre de référence pour la planification des activités de l’Agence et sert notamment de base pour l’élaboration des programmes annuels d’activités suivant le principe d’une planification glissante. Le Plan Stratégique a également permis un meilleur ciblage des secteurs porteurs et, cela a donné une visibilité aux investisseurs sur les centres d’intérêt prioritaires du Gouvernement Burundais. Ainsi, le Plan Stratégique constitue un puissant outil de communication avec les partenaires du secteur public et du secteur privé de l’Agence. Il a par exemple servi de base pour l’organisation d’une Table Ronde qui a permis de mieux sensibiliser les investisseurs, les partenaires techniques et financiers sur les opportunités et les facilités pour améliorer la contribution du secteur privé au développement économique et social au Burundi. Grâce aux appuis du PDLE, le Guichet Unique (GU) pour la création des entreprises de l’ADB a également été modernisé. L’automatisation des procédures internes du GU a ainsi contribué à réduire le délai de traitement des demandes de création d’entreprises qui est passé en dessous de trois (3) ouvrables contre cinq(5) précédemment. La mise en place de la création des entreprises en ligne a considérablement réduit les coûts chez les promoteurs, en supprimant l’obligation de se déplacer jusqu’à l’Agence dans un contexte d’augmentation des coûts de transport. La modernisation du GU a ainsi facilité aux jeunes promoteurs la création de leurs entreprises.
Le PDLE a été l’un des principaux partenaires à avoir accompagné l’Agence d’appui à la Réalisation des Contrats Public-Privé (ARCP) pour ses premiers pas. Les activités de renforcement des capacités dont l’Agence a bénéficié ont permis aux agents de la jeune institution et des ministères sectoriels d’avoir une meilleure compréhension du mécanisme et des principes guidant les contrats PPP ; et, de mieux les outiller pour la conduite des missions de l’Agence. Le pipeline de projets et les études de préfaisabilité de projets d’investissements, dont le PDLE a financé la réalisation, peuvent être les premiers inputs de la base de données de l’ARCP pour la mobilisation des financements suivant le mécanisme du PPP. Au niveau de l’Office Burundais de l’Habitat (OBUHA), le PDLE a permis de moderniser le Guichet Unique pour la délivrance du permis de construire à travers la digitalisation du GU de délivrance du permis de construire, y compris l’introduction des demandes en ligne ; et, la numérisation des dossiers et migration des données/archives existantes du GU. Le PDLE a également renforcé les capacités de la Direction des Titres Fonciers et du Cadastre National à travers la digitalisation des procédures et des bases de données foncières et cadastrales. Ce développement institutionnel, outre le fait qu’il améliore considérablement la sécurité des actes de propriété, facilite également les transactions sur les titres fonciers, formation des magistrats en matière de justice commerciale et du renforcement des capacités du Centre de formation professionnelle de la Justice (CFPJ) pour l’amélioration de la qualité de la justice au Burundi. Le PDLE a largement dépassé ses objectifs en matière de création d’emplois dans le secteur de la construction. Alors que le projet visait initialement à créer 2 000 emplois, il a en réalité permis de générer plus de 4 350 postes, dont 28% occupés par des femmes et 3% par des Batwa. A cela s’ajoute des emplois générés grâce au soutien apporté à 341 entreprises locales, qui ont à elles seules créé plus de 6 186 emplois.”
Dans la suite de son exposé, Monsieur Bipfubusa a démontré que le projet a joué un rôle déterminant dans le développement du secteur agricole burundais en construisant un Entrepôt frigorifique à l’aéroport de Bujumbura. Cet investissement stratégique offre aux agriculteurs une infrastructure essentielle pour améliorer la conservation de leurs produits et faciliter leur commercialisation, notamment à l’export. Ce Terminal frigorifique est une infrastructure structurante qui va améliorer de façon significative la compétitivité à l’exportation des entreprises du secteur agroindustriel. En effet, cette infrastructure va considérablement faciliter l’accès des productions burundaises aux marchés internationaux dans des conditions qui minimisent les pertes pour les produits frais.
“La pérennisation des acquis, notamment en ce qui concerne les infrastructures, constitue un enjeu clé. Dans cette optique, Monsieur Bipfubusa Joseph a souligné que le projet, en collaboration avec le gouvernement, a élaboré un manuel de maintenance. Ce manuel a été largement diffusé et partagé afin de bénéficier non seulement aux acteurs du PDLE, mais également à d’autres projets similaires. L’objectif est de fournir à tous les bénéficiaires les outils nécessaires pour l’entretien et la maintenance afin d’assurer la durabilité des infrastructures construites dans le cadre du PDLE. Ce document, accessible à tous les acteurs du développement, vise à transmettre les connaissances nécessaires pour assurer l’entretien et la maintenance de ces ouvrages. Cette initiative témoigne de la volonté du projet de renforcer les capacités locales et de favoriser le transfert de compétences.”Le PDLE a rencontré des défit majeurs dans les trois premières années en rapport avec la gouvernance. D’autres chocs nouveaux sont apparus au cours de la période de mise en œuvre du projet et ont également eu des impacts sur ses résultats, dont notamment la pandémie de la COVID19, la crise Ukrainienne et la crise énergétique. Sur le plan fiduciaire, le risque lié aux difficultés d’accès aux devises a persisté, voire s’est aggravé, tout au long de la période de mise en œuvre du projet. Ce risque a ainsi rendu très complexe et retardé l’exécution des contrats dont une partie des paiements est en devises. Le coordinateur national, Monsieur Joseph Bipfubusa, a recommandé au gouvernement du Burundi, d’assurer l’entretien et le fonctionnement des infrastructures, en impliquant éventuellement les agences au niveau central (OBUHA, ARB), afin d’assurer la pérennisation, de Veiller à ce que les unités de gestion des projets soient dotées en tout temps d’un personnel dédié répondant aux exigences de chaque poste clé et de Consacrer suffisamment du temps à la phase de préparation des futurs projets ; et, mobiliser dès le démarrage de la préparation le personnel clé de l’Unité de gestion du projet et/ou recourir aux services de consultants pour la réalisation des études techniques pour la définition des activités. Il a par ailleurs invité la population burundaise à répondre massivement aux appels à manifestation d’intérêt, soulignant la présence de compétences étrangères sur le territoire national, et encourageant ainsi le développement de l’entrepreneuriat local.
Nizigiyimana Diane Vanessa