Le ministère de la Solidarité nationale, des affaires sociales, des droits de la personne humaine et du genre, Imelde Sabushimike en collaboration avec l’ Onu femme, a procédé, le jeudi 29 mars 2024, à Bujumbura, au lancements officiel du processus d’élaboration du 6e rapport national sur la Déclaration et le programme d’action de Beijing. Cette conférence a marqué le jalon historique dans I’action mondiale en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes avec l’adoption de la Déclaration et le programme d’action de Beijing par les Etats membres de l’Onu qui sont engagés à mettre en œuvre un programme décisif pour promouvoir les droits des femmes et leur autonomisation.
« La Déclaration du programme d’action de Beijing est une déclaration qui a été faite par les Etats membres de l’organisation des Nations unies après avoir évalué la mise en œuvre de la convention l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes, adoptée en 1976 », a fait savoir Imelde Sabushimike, ministre en charge du genre. Elle a signalé que cette avaluation a été organisée afin de voir comment les Etats sont en train de mettre en œuvre cette convention. En effet, a-t-elle dit, on a alors fait la déclaration et le programme d’action de Beijing pour que tous les Etats puissent se référer sur ledit programme. « Concernant la mise en œuvre de cette convention, au niveau du Burundi, elle précise que des avancés sont enregistrées notamment dans la mise en œuvre dudit programme basé sur l’autonomisation de la femme, éducation et la femme, la femme et l’environnement, la femme et l’agriculture », a-t-elle cité.
La ministre Sabushimike a mentionné que le Programme d’action de Beijing a été adopté le 15 septembre 1995 à l’issue de la quatrième conférence mondiale sur les femmes organisée à Beijing, du 4 au15 septembre 1995. « Cette conférence a marqué un jalon historique dans I’action mondiale en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes avec l’adoption de la déclaration et le programme d’actions de Beijing par les Etats membres de l’Onu qui sont engagés à mettre en œuvre un programme décisif pour promouvoir les droits des femmes et leur autonomisation.En effet, le Programme d’action de Beijing est d’opérationnalisation de la Convention pour l’élimination de toutes les formes discrimination à l’égard des femmes,« Cedef ». La ministre a laissé entendre qu’il est bâti sur douze domaines critiques sur lesquels les acteurs de la promotion des droits humains des femmes doivent focaliser les interventions en vue de I ‘atteinte de leurs objectifs. «Le gouvernement du Burundi s’est approprié le Programme d’action de Beijing à travers l’adoption d’une Politique nationale de genre dès 2003, laquelle politique a été actualisée en 2012 pour donner naissance à la Politique nationale de genre 2012-20025. L’opérationnalisation de cette politique nationale est réalisée à travers des plans d’actions quinquennaux de sa mise en œuvre et d’autres outils comme le Plan stratégique de lutte contre les VSBG, le Programme national 2019-2027 de renforcement des capacités économiques de la femmes, le Plan d’action national sur la résolution 1 325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité ainsi que la stratégie nationale de promotion de la participation effective des filles et des femmes dans les instances de prise des décisions. Dans sa résolution, le Conseil économique et social de I’Organisation des Nations unies a demandé à tous les Etats de procéder à des examens nationaux complets visant à répertorier les progrès accomplis et les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre de la Déclaration et du programme.», a expliqué Mme Sabushimike.
Fournir des conseils techniques et un appui normatif et politique
Au niveau national, le Burundi a régulièrement honoré ses engagements et présenté régulièrement le rapport sur l’évaluation des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. C’est ainsi que le Burundi a déjà produit les rapports de Beijing +5, Beijing +10, Beijing +15, Beijing +20, Beijing +25 et se préparer à l’élaboration de Beijing +30. C’est dans ce contexte que le Bureau de l’Onu femmes au Burundi a développé un partenariat avec le ministère de la Solidarité nationale, des affaires sociales des droits de la personne humaine et du genre en vue de fournir des conseils techniques et un appui normatif et politique ainsi que d’autres contributions pour soutenir le processus d’élaboration du rapport national Beijing+30 que le Burundi doit soumettre en 2024.
Espérance Ndayishimiye qui a représenté l’Onu-Femme a indiqué que le programme d’action de Beijing a été un guide précieux pour la promotion des droits des femmes à travers le monde. Il avait et continue de susciter beaucoup d’espoir, pour une amélioration substantielle de la condition des femmes dans le monde en adoptant l’un des cadres normatifs les plus audacieux et les plus progressistes jamais adoptés pour accélérer la promotion des droits de la femme et assurer l’égalité du genre.
Selon elle, il n’est ni donc un hasard ni une coïncidence que : « nous nous réunissons aujourd’hui, presque 30 ans après, pour célébrer d’incroyables avancées non seulement pour toutes les femmes du monde, celles d’Afrique et particulièrement nos mères, nos sœurs et nos filles burundaises ». Elle a déclaré que cette célébration leur exige de mener avec courage un examen sur la mise en œuvre de ce programme d’action et examiner les avancées réalisées par rapport aux 12 domaines critiques qui avaient été identifiés comme obstacles pour arriver à réaliser l’égalité de genre et l’autonomisation de la femme.
Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, nous célébrons un plus grand nombre de femmes et de filles qui sont maintenant instruites et ont accès à l’enseignement primaire, fondamentale, post fondamentale et universitaire. « Nous célébrons beaucoup plus de femmes qui participent au pouvoir et à la prise de décision. Nous célébrons les nombreuses lois et politiques progressistes progressivement modifiées et les mesures prises pour promouvoir l’égalité de genre et l’autonomisation de la femme, l’amélioration de l’accès des femmes aux services essentiels de santé, l’accroissement de la participation de la femme dans le rétablissement et la consolidation de la paix grâce à un nombre croissant de femme dans les corps de défense et de sécurité »,a-t- elle poursuivi.
Sur 80,2% des propriétaires de terre, les femmes ne représentent que 17,7 %
Mme.Ndayishimiye a signalé que tout cela est certes réjouissant et reluisant, mais le rythme de notre progression demeure excessivement lent. Beaucoup de défis restent à relever et beaucoup reste à faire en faveur de la promotion de la femme pour que celle-ci participe sans réserve et sans être marginalisée aux efforts de développement de son pays. Trente ans après, a-t-elle affirmé, nombreuses préoccupations et problèmes soulevés lors des nombreuses conférences ayant suivi la déclaration de Beijing en 1995 n’ont rien perdu de leur brulante actualité.
«En effet, comment parler de l’égalité des genres lorsque plus de 50% des femmes affirment avoir subies de violences à son égard au cours de leur vie ? Comment instaurer l’égalité des genres dans un contexte où sur 80,2% des propriétaires de terre les femmes ne représentent que 17,7 % ? Comment instaurer l’égalité de genre dans un contexte où les femmes ne peuvent emprunter pour cause de manque de garantis bancaires ? comment instaurer l’égalité de genre où les femmes n’ont qu’un accès limité aux opportunités d’emploi décent ? comment garantir un environnement permettant aux femmes d’arriver à la fin du cursus normale, travailler et d’embrasser les carrières réservées aux hommes, gouverner et influencer les politiques nationale, régionales et globales, etc.», s’est-elle interrogée.
Le Burundi ainsi que ses partenaires au développement, a-t-elle exhorté, doivent rester constamment en veille en vue de poursuivre sans relâche les efforts déjà entrepris afin que l’impact soit plus significatif et inclusif dans tous les domaines critiques.
Appolinaire Ndikuriyo