La forge est un métier nécessitant normalement de la force si bien qu’on croirait qu’elle est exercée par les jeunes qui sont encore en forme. Par contre, cet art hérité des ancêtres reste dans les mains des vieux hommes. Rencontré à son milieu de travail en train de forger, Gaspard Ntirandekura a indiqué que les objets issus de la forge trouvent encore du marché, malgré la concurrence des objets industriels. Il a également précisé que cet art lui génère des revenus qu’il pallie à ceux générés par son épouse, cultivatrice, afin de couvrir les besoins familiaux.
M. Ntirandekura fait savoir que l’art de la forge l’a hérité de son père et qu’il l’exerce depuis son enfance. « Le premier couteau que j’ai fabriqué a été vendu à un franc seulement et mon père a utilisé cette pièce de monnaie pour m’acheter un paquet d’arachides grillés », précise-t-il. M. Ntirandekura indique qu’il fabrique différents objets comme les rames de couteaux, les haches, les serpettes, les machettes, les faucilles, etc. Il explique qu’il vend un grand couteau à 1 000 FBu tandis que les couteaux moyens se vendent à 500 FBu chacun. D’autres objets peuvent couter jusqu’à 10 000 FBu comme les haches et les machettes.
Quant aux défis liés à l’art de forge, M. Ntirandikura signale la cherté des objets utilisables comme le charbon et les métaux. « Aussi, avec la modernité, les objets locaux ne sont plus vendus comme avant, beaucoup de gens préfèrent plus les objets industriels que ceux locaux », ajoute-t-il.
Malgré ces défis, notre interlocuteur témoigne que ce métier lui fait vivre quand même. Il précise que les revenus issus de ce métier s’ajoutent à ceux issus de l’agriculture exercée par son épouse afin de couvrir les besoins quotidiens de la famille. Cela permet au forgeron Ntirandekura et son épouse d’échapper à la mendicité malgré leur vieillesse. « Je ne peux pas passer la journée dans les rues en train de mendier alors que j’ai un métier hérité de mon père », dit-il. Il poursuit qu’aussi longtemps qu’il sera capable de lever son marteau, il restera à son atelier et celui qui aura pitié de lui l’aidera volontairement.
Il fustige, le comportement de certaines personnes à l’âge de retraite qui recourent à la mendicité au lieu d’exercer les petits métiers ne nécessitant pas plus de force. Précisant que ses enfants ont, eux aussi, hérité de ce métier, M. Ntirandekura conseille les parents à habituer leurs enfants aux métiers qu’ils exercent car, ça peut leur permettre d’arriver à leur autonomisation dans l’avenir.
Eric Sabumukama